Des Oeuvres et leurs gloses

Comme un nez ?

Alors que nos paysages arborent avec fierté, obélisques, clochers, menhirs et autres érections à la gloire des conquêtes viriles, nos imaginaires sont recouvert d'une culotte très occultante, faisant du vagin une absence de pénis, un contenant sans contenu, une pure concavité vide de sens, un désert culturel. Cette oeuvre est construite comme un "visage/corps" dont chaque "organe" en cache un autre, le plus central étant un "pénis/nez". Mais cet "organe" est-il vraiment aussi lisible qu' "un nez au milieu de la figure" ? Interrogeons ce qui apparait comme une évidence de prime abord !


Eprouver sa posture

Comment sortir d'un schéma de construction identitaire genré ressenti comme extrêmement liberticide et potentiellement mortifère ?

Cette œuvre suggère un corps imprécis, sous le joug de pressions diverses qui le somme d'opter pour un comportement attendu au vu du sexe révélé à sa naissance !


Va te faire voir...!

Visions de soi ? Visions des autres ?

Confrontations !?

Les frontières entre intérieurs et extérieurs de nos corps en sont parfois troublées, confondues, voire désorganisées !

Que cache-t-on ?

Que montrons nous vraiment !

Que percevons nous de l'autre ?

Que savons nous de soi ?


Courbettes

Le sexe féminin est peint et dépeint comme le lieu de toutes les turpitudes, variations scatologiques et transmutations.

Brèche, faille, con, sa perception est de l'ordre du danger, de la bêtise, du méprisé qu'il est nécessaire de maîtriser et soumettre.

La représentation du vagin comme phallus inversé, que Marie-Christine Pouchelle découvre dans les écrits d'un chirurgien du moyen-âge, obéit aux mêmes oppositions fondamentales entre le positif et le négatif, l'endroit et l'envers, qui s'imposent dès que le principe masculin est posé en mesure de toute chose. ....l'homme et la femme sont perçus comme deux variantes, supérieure et inférieure, de la même physiologie, on comprends que, jusqu'à la Renaissance, on ne dispose pas de terme anatomique pour décrire le sexe de la femme..." ( Pierre Bourdieu, La domination masculine, chap.1, p.29 )

Que ce soit Courbet, Manet ou d'autres courants plus tardifs, qualifiés d'avant gardes, aucun n'a donné une image plus glorieuse, plus autonome de la sexualité féminine.

"L'origine du monde" à laquelle je fais référence dans cette oeuvre, cantonne le sexe féminin à la maternité et présente un sexe offert dépourvu de désir, hormis celui de s'offrir, et de sensualité.

Au théâtre sur ce siège, point de surérotisation, juste une empreinte vulvaire et un "membre" dérobé, défendu, planqué !

Comment les corps ont-ils pu s'emparer à leurs tours de ce "trône" ?!


Echafaudage identitaire - 2007 - ou Fagots d'identités - 2018

Combien de béquilles avons nous eu, avons nous, aurons nous pour envisager aller librement sur nos chemins ?

Grandir en ayant comme assignation le féminin est redoutable, car couramment synonyme de manque, d'absence...!

Cette absence irreprésentable à mes yeux, a néanmoins conforté une vague odeur d'insuffisance.

Je n'aurais pas souhaité, pour autant, adhérer aux valeurs conquérantes de la virilité, elles aussi, liberticides et frustrantes !


A tire l'arigot

Tirons, tirons encore sur la chevillette et la bobinette cherra !

Combien de temps faudra-t-il pour n'être plus dupé par la culture du pouvoir sur nos corps, tous les corps, tous les sexes ? Rendre à chacun un corps entier et une jouissance partagée !

Et ne plus avoir peur du loup !


Métamorphoses I,II,III et Une et autres, aussi -

Peut-on imaginer un corps en anamorphose,

chaque organe pouvant se confondre à un autre,

se méprendre du prochain,

désorienter un voisin,

dérouter un suivant,

bouleverser des proches...?

 


A'Tension

Le travail sur et à travers le textile est appréhendé, non comme une recherche artistique mais comme un "ouvrage de dame" ! C'est souvent ce qui s'entend lorsque les regardeurs "s'émerveillent" et lâchent : "c'est très féminin!"

Hors, comme l'écrit Erik Orsenna dans son ouvrage "Voyage aux pays du coton : petit précis de la mondialisation" : " Pour comprendre les mondialisations, celles d'hier et celle d'aujourd'hui, rien ne vaut l'examen d'un morceau de tissu. sans doute parce qu'il n'est fait que de fils et de liens, et des voyages de la navette."

Dans A'Tension, chaque trait et fil met en agitation, rupture et résistance les perceptions de nos conditions humaines, le tissu étant, comme semble le souligner E.Orsenna, un vecteur sensible et mémoriel universel !